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pseudo-Orphée, un pseudo-Pythagore, une correspondance apocryphe d’Héraclite, un poëme moral attribué à Phocylide[1]. Le but de tous ces ouvrages est le même ; il s’agit de prêcher aux idolâtres le déisme[2] et les préceptes dits noachiques, c’est-à-dire un judaïsme mitigé à leur usage, un judaïsme réduit presque aux proportions de la loi naturelle. On maintenait seulement deux ou trois abstinences qui, aux yeux des juifs les plus larges, passaient presque pour faire partie de la loi naturelle[3].

Les sibylles devaient s’offrir d’elles-mêmes à l’esprit de faussaires en quête d’autorités incontestées sous le couvert desquelles ils pussent présenter aux Grecs les idées qui leur étaient chères. Il courait déjà dans le public des petits poëmes, prétendus

  1. Pour les deux derniers ouvrages, voir les éditions de Bernays. Pour les autres, voir le De monarchia attribué à saint Justin, 2 ; Clément d’Alex., Strom., V, ch. 14 ; Eusèbe, Præp. evang., XIII, ch. 12. Les citations fausses ou falsifiées des poëtes grecs, épiques, tragiques, comiques, si fréquentes dans les Pères apologistes, peuvent provenir aussi de la fabrique juive alexandrine, en particulier d’Aristobule. Voir surtout Clément d’Alex., Strom., liv. V ; Eus., Præp. evang., liv. XIII, et le De monarchia entier.
  2. Voir surtout le beau passage de Ménandre ou Philémon, probablement de fabrique juive alexandrine, dans De monarchia, 4 ; Clém. d’Alex., Strom., V, 14 ; Eus., Præp. evang., XIII, 13.
  3. Voir Saint Paul, p. 91-92.