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de l’école de Philon, comme Apollos, côtoyaient le christianisme, y entraient même, sans toujours y rester ; les auteurs juifs alexandrins de livres apocryphes se rapprochaient beaucoup des idées qui prévalurent, dit-on, au concile de Jérusalem. Quand des juifs animés de pareils sentiments entendaient parler de Jésus, ils n’avaient pas à se convertir pour sympathiser avec ses disciples. La confraternité s’établissait d’elle-même. Un curieux monument de cet esprit particulier à l’Égypte nous a été conservé dans l’un des poëmes sibyllins, poëme daté avec une grande précision du règne de Titus ou des premières années de Domitien, et que les critiques ont pu avec des raisons presque égales regarder comme chrétien et comme essénien ou thérapeute. La vérité est que l’auteur est un sectaire juif, flottant entre le christianisme, le baptisme, l’essénisme, et inspiré avant tout par l’idée dominante des sibyllistes, qui était de prêcher aux païens le monothéisme et la morale sous le couvert d’un judaïsme simplifié.

Le sibyllisme naquit à Alexandrie vers le temps même où le genre apocalyptique naissait en Palestine. Ces deux genres parallèles durent leur création à des situations d’esprit analogues. Une des règles de toute apocalypse est l’attribution de l’ouvrage à quelque célébrité des siècles passés. L’opinion de