Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/204

Cette page a été validée par deux contributeurs.

rable à son tour, voulut suppléer aux titres de noblesse qu’elle n’avait pas. Marc était presque le seul entre les personnages de l’histoire apostolique qui n’eût pas encore été adopté. En réalité, la cause de cette absence du nom de l’Égypte dans les récits des Actes des Apôtres et dans les épîtres de saint Paul est que l’Égypte eut une sorte de pré-christianisme, qui la tint longtemps fermée au christianisme proprement dit. Elle avait Philon, elle avait les thérapeutes, c’est-à-dire des doctrines si semblables à celles qui se produisaient en Judée et en Galilée, qu’elle était comme dispensée d’accorder à celles-ci une oreille attentive. Plus tard on soutint que les thérapeutes n’étaient autre chose que les chrétiens de saint Marc[1], dont Philon aurait décrit le genre de vie. C’était là une étrange hallucination. Dans un certain sens, cependant, cette bizarre confusion n’était pas tout à fait aussi dénuée de vérité qu’on pourrait le croire au premier coup d’œil.

Le christianisme, en effet, paraît avoir eu longtemps en Égypte un caractère indécis. Les membres des vieilles communautés de thérapeutes du lac Maréotis, s’il faut admettre leur existence, devaient paraître des saints aux disciples de Jésus ; les exégètes

  1. Philon était mort depuis longtemps à la date où l’apostolat de saint Marc à Alexandrie aurait pu avoir lieu.