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du corps enseignant ; en tête de cette illustre confrérie brille le nom de Quintilien[1]. La fade poésie des épopées et des tragédies artificielles se continuait piteusement. Des bohèmes de talent, tels que Martial et Stace, tout en excellant dans les petits vers, ne sortaient pas d’une littérature basse ou sans portée. Mais Juvénal atteignait, dans le genre vraiment latin de la satire, une maîtrise incontestée de force et d’originalité. Un haut esprit romain, étroit, si l’on veut, fermé, exclusif, mais plein de tradition, patriotique, opposé aux corruptions étrangères, respire dans ses vers. La courageuse Sulpicia osera défendre les philosophes contre Domitien. De grands prosateurs surtout se formèrent, rejetèrent ce qu’il y avait d’excessif dans la déclamation du temps de Néron, en gardèrent ce qui ne choquait pas le goût, animèrent le tout d’un sentiment moral élevé, préparèrent enfin cette noble génération, qui sut trouver et entourer Nerva, qui fit les règnes philosophiques de Trajan, d’Adrien, d’Antonin, de Marc-Aurèle. Pline le jeune, qui ressemble si fort aux esprits cultivés de notre xviiie siècle ; Quintilien, l’illustre pédagogue, qui a tracé le code de l’instruction publique[2], le maître de nos maîtres dans le grand art de l’éducation ; Tacite,

  1. Suétone, Vesp., 18 ; Eus., Chron., an 8 de Dom.
  2. Instit. orat., I, II et III.