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rôles contradictoires, à la fois obséquieux pour les bourreaux de son pays, vantard quand il s’agissait de souvenirs nationaux. Sa vie domestique, jusque-là fort peu assise, prenait enfin de la règle. Après sa défection, il avait eu le tort d’accepter de Vespasien une jeune captive de Césarée, qui le quitta dès qu’elle put. À Alexandrie, il prit une autre femme, de laquelle il eut trois enfants, dont deux moururent jeunes, et qu’il répudia vers 74, pour incompatibilité de caractère, dit-il. Il épousa alors une juive de Crète, à laquelle il trouva enfin toutes les perfections, et qui lui donna deux enfants[1]. Son judaïsme avait toujours été large, et le devenait de plus en plus ; il était bien aise de faire croire que, même à l’époque du plus grand fanatisme galiléen, il avait été un libéral, empêchant de circoncire les gens de force et proclamant que chacun doit adorer Dieu selon le culte qu’il a choisi. Cette idée, que chacun choisit son culte[2], inouïe à Rome[3], gagnait du terrain et servait puissamment à la propagande des

    In Matth., tom. x, 17, Opp., III, p. 463 ; Cohortatio ad Græcos, faussement attribuée à saint Justin, 9 ; Photius, cod. lxxvi.

  1. Jos., Vita, 1, 75, 76.
  2. Δεῖν ἕκαστον ἄνθρωπον κατὰ τὴν ἑαυτοῦ προαίρεσιν τὸν θεὸν εὐσεϐεῖν, ἀλλὰ μὴ μετὰ βίας. Vita, 23.
  3. Sua cuique civitati religio est, nostra nobis, Cic., Pro Flacco, 23.