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connu les acteurs primitifs. Ce qu’ils veulent avant tout, c’est un récit aux contours arrondis et significatif dans toutes ses parties.

Tout porte à croire que Marc n’écrivit son Évangile qu’après la mort de Pierre. Papias le suppose, quand il nous dit que Marc écrivit « de souvenir »[1] ce qu’il tenait de Pierre. Irénée dit la même chose[2]. Enfin, ce qui est décisif quand on admet l’unité et l’intégrité de l’ouvrage, l’Évangile de Marc présente des allusions évidentes à la catastrophe de l’an 70[3]. L’auteur met dans la bouche de Jésus, au chapitre xiii, une sorte d’apocalypse où se croisent les prédictions relatives à la prise de Jérusalem[4] et à la prochaine fin des temps[5]. Nous croyons que cette petite apocalypse, conçue en partie pour décider

  1. Ὅσα ἐμνημόνευσεν,…… ὡς ἀπεμνημόνευσεν
  2. Adv. hær., III, i, 1.
  3. D’autres allusions se rapporteraient aux tremblements de terre de Laodicée et de Pompéi, au meurtre de Jacques et peut-être à la persécution de Néron. Ces événements appartiennent aux années 60-64.
  4. Ce qu’on appelait la θλῖψις (comp. Ass. de Moïse, 3). Les couleurs étaient empruntées à Ézéchiel, xxxii, 7-8, Isaïe, ii, 9 ; xxxiv, 4 ; à Osée, x, 8. On y peut voir, si l’on veut (particulièrement Marc, xiii, 8, 24-27), des imitations de l’Apocalypse johannique.
  5. La théorie des signes du Messie se trouve déjà dans l’Assomption de Moïse, apocalypse écrite vers l’an 30 de notre ère (ch. 10).