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récits. Bientôt d’ailleurs, ce premier cadre devint totalement insuffisant. Les sentences de Jésus n’étaient rien sans sa biographie. Cette biographie était le mystère par excellence, la réalisation de l’idéal messianique ; les textes des prophètes y trouvaient leur justification. Raconter la vie de Jésus, c’était prouver sa messianité, c’était faire aux yeux des juifs la plus complète apologie du mouvement nouveau.

Ainsi se dressa de fort bonne heure un cadre, qui fut en quelque sorte la charpente de tous les Évangiles[1], et où l’action et la parole étaient entremêlées[2]. Au début, Jean-Baptiste[3], précurseur du royaume de Dieu, annonçant, accueillant, recommandant Jésus ; puis Jésus se préparant à sa mission divine par la retraite et l’accomplissement de la Loi ; puis la brillante période de la vie publique, le plein soleil du royaume de Dieu, Jésus au milieu de ses disciples, rayonnant de l’éclat doux et tempéré d’un prophète fils de Dieu. Comme les disciples n’avaient guère que des souvenirs galiléens, la Galilée fut le

  1. Marc, i, 1 ; Act., i, 21-22 ; x, 37-42 ; I Cor., xv, 1-7.
  2. Λεχθέντα ἢ πραχθέντα. Papias, dans Eus., H. E., III, xxxix, 15 ; ποιεῖν τε καὶ διδάσκειν. Act., i, 1.
  3. Matth., xi, 12-13 ; Luc, xvi, 16 ; Canon de Muratori, lignes 8-9. L’Évangile ébionite débutait aussi par Jean-Baptiste. Épiph., hær. xxx, 13, 14.