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même de Jésus[1], dans la langue vulgaire de la Palestine, sorte de mélange d’hébreu et d’araméen, que l’on continuait d’appeler « hébreu »[2], et auquel les savants modernes ont donné le nom de « syro-chaldaïque ». Sur ce point le Pirké Aboth est peut-être encore le livre qui nous donne le mieux l’idée des Évangiles primitifs, bien que les rabbins qui figurent dans ce recueil, étant des docteurs de la pure école juive, y parlent peut-être une langue plus rapprochée de l’hébreu que ne le fut celle de Jésus[3].

  1. Quelques particularités des λόγια, surtout la nuance de ὁ πλησίον (hébreu רצ) dans Matth., v, 43, et même dans Luc, x, 27-37, supposent que ces sentences furent d’abord conçues et prononcées en hébreu.
  2. Ἑϐραϊστί. Voir Vie de Jésus, p. 34, 13e édit. (et suiv.). C’est ce qu’on appelait ἡ πάτριος γλῶσσα. Act., xxii, 40 ; Jos., Ant., XX, xi, 2, etc. Voir Hist. des lang. sémit., II, i, 5 ; III, i, 2.
  3. Les mots de Jésus conservés en dialecte sémitique dans les Évangiles grecs (ῥακά, λαμὰ σαϐαχθανί, ἀϐϐᾶ, ἐφφαθά, ταλιθὰ κοῦμι) se rapprochent beaucoup plus de l’araméen que de l’hébreu. La même observation s’applique aux mots évangéliques ou apostoliques, Ὡσαννά, κορϐανᾶς, Γολγοθᾶ, μαμμωνᾶς, σάτον, Βαριωνᾶ, Κηφᾶ, Γαϐϐαθᾶ, Βηθεσδά, Ραϐϐονί, Ἀκελδαμά, Ταϐιθά, μαραναθά. Les passages que cite saint Jérôme de l’Évangile hébreu sont araméens. Cf. Hilgenfeld, Novum Test. extra Canonem receptum, p. 17, 26. Cf. Gesta Pilati, a, 4, p. 210-211, édit. Tischendorf. On ne peut rien conclure de Talm. de Bab., Schabbath, 116 a et b ; car il n’est pas du tout sûr que le talmudiste cite le texte du λόγιον. — Le passage sur Hégésippe (Eus., H. E., IV, xxii, 7) prouve que le syriaque abondait dans la langue des Évangiles dits hé-