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le nom de « nazaréens »[1]. Cette malédiction s’introduisit dans la prière principale du judaïsme, l’amida ou schemoné esré. L’amida se composa d’abord de dix-huit bénédictions ou plutôt de dix-huit paragraphes. Vers le temps où nous sommes[2], on intercala entre le onzième et le douzième paragraphe une imprécation ainsi conçue :


Aux délateurs pas d’espérance ! Aux malveillants la destruction ! Que la puissance de l’orgueil soit affaiblie, brisée, humiliée, bientôt, de nos jours ! Sois loué, ô Éternel, qui brises tes ennemis et abaisses les orgueilleux !


On suppose, non sans apparence de raison, que les ennemis d’Israël visés dans cette prière furent à l’origine les judéo-chrétiens[3], et que ce fut là une

  1. Épiph., xxix, 9 ; saint Jérôme, sur Isaïe, v, 18-19 ; xlix, 7 ; lii, 4 et suiv. Je pense que c’est aussi à cet usage que se rapporte ce que dit Justin (Dial. cum Tryph., c. 16, 47, 137) des anathèmes que les juifs vomissent dans leurs synagogues contre Christ. Cf. saint Jérôme, In Is., xviii, 19.
  2. On attribue l’intercalation en question au patriarche Rabbi Gamaliel II, et on suppose qu’elle fut faite à Iabné (Berakoth, cité ci-après).
  3. On l’appelle aussi « la bénédiction des sadducéens ». Megilla, 17 b ; Talm. de Bab., Berakoth, 28 b et suiv. (comp. Talm. de Jér., Berakoth, iv, 3 ; Schwab, p. 178 et suiv.) Les mots de sadducéens, philosophes, épicuriens, samaritains (koutiim), mînim, sont mis souvent l’un pour l’autre dans le Talmud. Le premier mot de la malédiction, dans les rituels juifs, est oulem[als]înim (les délateurs), qu’on suppose avoir été substitué, par l’addition de deux