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une cabane dans une vigne[1] ». C’est là, on peut le croire, que se fixa la petite colonie chrétienne qui fit la continuité de l’Église de Jérusalem. On peut aussi supposer, si l’on veut, qu’elle résida dans une de ces bourgades de juifs, voisines de Jérusalem, telles que Béther, qu’on identifiait idéalement avec la ville sainte[2]. En tout cas, cette Église du mont Sion fut, jusqu’au temps d’Adrien, bien peu nombreuse. Le titre de chef de l’Église de Jérusalem paraît n’avoir été qu’une sorte de pontificat honorifique, une présidence d’honneur, n’impliquant pas une vraie charge d’âmes. Les parents de Jésus, en particulier, semblent être restés pour la plupart au delà du Jourdain.

L’honneur de posséder dans leur sein des personnages aussi marquants inspirait aux Églises de Batanée un orgueil extraordinaire[3]. Il est probable qu’au moment du départ de l’Église de Jérusalem pour Pella, quelques-uns des « Douze », c’est-à-dire des apôtres choisis par Jésus, Matthieu par exemple, vivaient encore et firent partie de l’émigra-

  1. Isaïe, I, 8.
  2. Ainsi Eusèbe considère la πολιορκία de Béther comme une πολιορκία de Jérusalem (voir Revue hist., t. II, p. 112 et suiv.). Le martyrologe romain (7 kal. oct.) fait mourir Cléophas à Emmaüs (Nicopolis) ; mais cela vient d’une confusion : cf. Luc, xxiv, 13, 18.
  3. Eus., H. E., III, 11, 19, 20, 32.