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plus familier aux Juifs que le voyage d’Italie. L’historien Josèphe vint à Rome en l’an 62 ou 63 pour obtenir la délivrance de prêtres juifs, très-saints personnages qui, pour ne rien manger d’impur, ne vivaient en pays étranger que de noix et de figues, et que Félix avait envoyés rendre raison d’on ne sait quel délit à l’empereur[1]. Qui étaient ces prêtres ? Leur affaire était-elle sans lien avec celle de Pierre et de Paul ? Le manque de preuves historiques laisse planer sur tous ces points beaucoup de doutes. Le fait même sur lequel les catholiques modernes font reposer l’édifice de leur foi est loin d’être certain[2]. Nous croyons

    XII, 52 ; Hist., I, 22 ; II, 62 ; Dion Cassius, LXV, 1 ; LXVI, 9 ; Suétone, Tib., 36 ; Vitellius, 14 ; Juvénal, vi, 542 et suiv. ; Eusèbe, Chron., année 9 de Domitien ; Zonaras, Ann., VI, 5.

  1. Jos., Vita, 3.
  2. Il est bien sûr que Pierre n’était pas à Rome quand Paul écrivit l’épître aux Romains (cf. Denys de Cor., dans Eus., H. E., II, 25). Paul ne se mêlait jamais des Églises fondées par les apôtres de la circoncision (Gal., ii, 7-8 ; II Cor., x, 16 ; Rom., xv, 18-20). Il n’y était pas non plus quand Paul y arriva. Act., xxviii, 17 et suiv., le prouve. Le système d’Eusèbe (Chron., ad ann. 2 Claudii ; H. E., II, 14) et de saint Jérôme (De viris illustr., 1) sur la venue de Pierre à Rome l’an 42 est par conséquent insoutenable. Mais rien ne s’oppose à ce qu’il y soit venu plus tard, et certains indices rendent cela probable : 1o une tradition établie dès le second siècle (Denys de Corinthe, Caïus, Clément d’Alexandrie, Origène, cités dans Eusèbe, H. E., II, 15, 25 ; III, 1 ; VI, 14 ; Ignace, Ad Rom., 4 ; Irénée, Adv. hær., III, i, 1 ; iii, 3 ; Tertul-