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signalé d’avance et désigné à la vindicte de tous. On a peine à le croire, mais on n’en peut douter, puisque c’est Paul lui-même qui nous l’apprend[1]. Même à ce moment solennel, décisif, il trouva encore devant lui de mesquines passions. Des adversaires, des membres de cette école judéo-chrétienne que depuis dix ans il rencontrait partout sous ses pas, entreprirent pour lui faire pièce une sorte de contre-prédication de l’Évangile. Envieux, disputeurs, acariâtres, ils cherchaient les occasions de le contrarier, d’aggraver la position du prisonnier, d’exciter les juifs contre lui, de rabaisser le mérite de ses chaînes. La bonne volonté, l’amour, le respect que lui témoignaient les autres, leur conviction hautement proclamée que les chaînes de l’apôtre étaient la gloire et la meilleure défense de l’Évangile, le consolaient de tous ces déboires. « Qu’importe, d’ailleurs ? » écrivait-il vers ce temps[2]……

Pourvu que le Christ soit prêché, que le prédicateur soit sincère ou que la prédication soit pour lui un prétexte, je me réjouis et je me réjouirai toujours. Quant à moi, j’ai le ferme espoir que cette fois-ci encore les choses tourneront à mon plus grand bien, à la liberté de l’Évangile, et

  1. Phil., i, 15-17 ; ii, 20-21.
  2. Ibid., i, 18 et suiv.