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personnage secondaire, disciple de Jean l’apôtre, florissant de l’an 100 à l’an 120 à peu près, la confusion de Polycarpe ou d’Irénée serait inconcevable. Que le Presbyteros ait été vraiment un homme de la grande génération apostolique, un égal des apôtres, qu’on ait pu confondre avec eux, nous avons dit ailleurs nos objections contre ce système[1]. Ajoutons que même alors l’erreur de Polycarpe ne serait pas beaucoup plus facile à expliquer.

Une des parties les plus curieuses de l’opuscule de M. Scholten est celle où il revient sur la question du quatrième Évangile, qu’il a déjà traitée avec tant de développement, il y a quelques années. Non-seulement M. Scholten n’admet pas que cet Évangile soit l’œuvre de Jean ; mais encore il lui refuse toute relation avec Jean ; il nie que Jean soit le disciple nommé plusieurs fois dans cet Évangile avec mystère et désigné comme « le disciple que Jésus aimait ». Selon M. Scholten, ce disciple n’est pas un personnage réel. Le disciple immortel qui, en opposition avec les autres disciples du maître, doit vivre jusqu’à la fin des siècles par la force de son esprit, ce disciple dont le témoignage, reposant sur la contemplation spirituelle, est d’une authenticité absolue, ne doit être identifié avec aucun des apôtres galiléens ; c’est un personnage idéal. Il m’est tout à fait impossible d’admettre cette opinion. Mais ne compliquons pas une question difficile par une autre plus difficile encore. M. Scholten a ébranlé plusieurs des étais sur lesquels on appuyait autrefois l’opinion du séjour de l’apôtre Jean en Asie ; il a prouvé que ce fait ne sort pas de la pénombre où nous entrevoyons presque tous les faits de l’histoire apostolique ; en ce qui concerne Papias, il a soulevé une objection à laquelle il n’est pas facile de répondre ; néan-

  1. Voir l’Introduction en tête de ce volume, p. xxiii-xxvi.