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victimes de l’an 64, qui applaudissent à la destruction de la ville qui les a tués.

La venue de Jean à Éphèse, ayant une valeur dogmatique bien moins considérable que la venue de Pierre à Rome, n’a pas excité d’aussi longues controverses. L’opinion généralement reçue jusqu’à ces derniers temps était que l’apôtre Jean, fils de Zébédée, mourut très-vieux dans la capitale de la province d’Asie. Même ceux qui refusaient de croire que durant ce séjour l’apôtre eût écrit le quatrième Évangile et les épîtres qui portent son nom, même ceux qui niaient que l’Apocalypse fût son ouvrage, continuaient de croire à la réalité du voyage attesté par la tradition. Le premier, Lützelberger, en 1840, éleva sur ce point des doutes raisonnés ; mais il fut peu écouté. Des critiques auxquels on ne peut pas reprocher un excès de crédulité, Baur, Strauss, Schwegler, Zeller, Hilgenfeld, Volkmar, tout en faisant une large part à la légende dans les récits sur le séjour de Jean à Éphèse, persistèrent à regarder comme historique le fait même de la venue de l’apôtre en ces parages. C’est en 1867, dans le premier volume de sa Vie de Jésus[1], que M. Keim a dirigé contre cette opinion traditionnelle une attaque tout à fait sérieuse. La base du système de M. Keim est qu’on a confondu Presbyteros Johannes avec Jean l’apôtre, et que les récits des écrivains ecclésiastiques sur celui-ci doivent s’entendre du premier. Il fut suivi par MM. Wittichen et Holtzmann. Plus récemment M. Scholten, professeur à l’université de Leyde, dans un travail étendu, s’est efforcé de ruiner les unes après les autres toutes les preuves de la thèse autrefois reçue, et de

  1. Pages 161-167. Comparez tome III (1871-72), p. 44-45, 477, notes.