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quelque agent inconscient d’une volonté supérieure[1]. L’Histoire de la guerre des Juifs fut écrite vers la fin du règne de Vespasien, en 76 au plus tôt, quand déjà Titus aspirait à être les « délices du genre humain », et voulait passer pour un modèle de douceur et de bonté. Dans les années précédentes, et dans un autre monde que celui des Juifs, il avait sûrement accepté des éloges d’un ordre différent. Parmi les tableaux qu’on promena au triomphe de l’an 71, était l’image « du feu mis aux temples[2] », sans qu’assurément on cherchât alors à présenter ce fait autrement que comme glorieux. Vers le même temps, le poëte de cour Valerius Flaccus propose à Domitien comme le plus bel emploi de son talent poétique de chanter la guerre de Judée, et de montrer son frère semant partout les torches incendiaires :


……Solymo nigrantem pulvere fratrem,
Spargentemque faces et in omni turre furentem[3].

La lutte pendant ce temps était ardente dans les

  1. Δαιμονίῳ ὁρμῇ τινι χρώμενος (Jos., B. J., VI, iv, 5) ; Dei nutu (Sulp. Sev., II, 30). Josèphe va jusqu’à présenter les Juifs comme la cause première du malheur. Λαμϐάνουσι δ’αἱ φλόγες ἐκ τῶν οἰκείων τὴν ἀρχὴν καὶ τὴν αἰτίαν (Jos., l. c. ; cf. VI, ii, 9).
  2. Jos., B. J., VII, v, 5.
  3. Argonautica, I, 13. Dans le Talmud, l’incendie du temple est attribué à « Titus le méchant ». Talm. de Bab., Gittin, 56 a.