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Auguste. Les prodigues et les fous avaient tellement abusé de leur privilège d’enfants gâtés, que l’on accueillit avec bonheur l’avènement d’un brave homme, sans distinction, péniblement arrivé par son mérite, malgré ses petits ridicules, son air vulgaire, son manque d’usage. Le fait est que la dynastie nouvelle conduisit pendant dix ans les affaires avec sens et jugement, sauva l’unité romaine et donna un complet démenti aux prédictions des juifs et des chrétiens, qui voyaient déjà dans leurs rêves l’empire démantelé, Rome détruite. L’incendie du Capitole le 19 décembre, le terrible massacre qui eut lieu dans Rome le lendemain[1] purent un moment leur faire croire que le grand jour était arrivé. Mais l’établissement incontesté de Vespasien (à partir du 20 décembre) leur apprit qu’il fallait se résigner à vivre encore, et les força de trouver des biais pour ajourner leurs espérances à un avenir plus éloigné[2].

Le sage Vespasien, bien moins ému que ceux qui se battaient pour lui conquérir l’empire, usait le

  1. Tacite, Hist., III, 83 ; Dion Cassius, LXV, 19 ; Josèphe, B. J., IV, xi, 4.
  2. Josèphe lui-même avoue que le sort de l’empire avait paru désespéré, et que l’affermissement de Vespasien sauva la chose romaine contre toute espérance (B. J., IV, xi, 5).