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suffisamment justifiée, si le chef des légions de Syrie, établi à quelques lieues de Jérusalem, arrivait à l’empire en Syrie, par suite d’un mouvement syrien[1]. Vespasien et Titus, entourés de Juifs, prêtaient l’oreille à ces discours, et y trouvaient plaisir. Tout en déployant leur talent militaire contre les fanatiques de Jérusalem, les deux généraux avaient assez de penchant pour le judaïsme, l’étudiaient, montraient de la déférence pour les livres juifs[2]. Josèphe avait pénétré fort avant dans leur familiarité, surtout dans celle de Titus, par son caractère doux, facile, insinuant[3]. Il leur vantait sa loi, leur racontait les vieilles histoires bibliques, qu’il arrangeait souvent à la grecque, parlait mystérieusement des prophéties. D’autres Juifs entrèrent dans les mêmes sentiments[4], et firent accepter à Vespasien une sorte de rôle messianique. Des miracles s’y joignirent ; on parla

    que dans la Guerre des Juifs, écrite sous Vespasien. Il l’omet dans son autobiographie, écrite en 94, époque où ses deux protecteurs étaient morts, et où on pouvait prévoir la chute de Domitien.

  1. Jos., B. J., VI, v, 4.
  2. Jos., Vita, 65, 75.
  3. Jos., B. J., III, viii, 8, 9 ; Vita, 75.
  4. Talmud de Bab., Gittin, 56 a et b ; Aboth derabbi Nathan, ch. iv, fin (comp. Midrasch Eka, i, 5), récit sur Johanan ben Zakaï, tout à fait parallèle à celui de Josèphe, et qui peut être un écho de ce dernier.