Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/550

Cette page a été validée par deux contributeurs.

bandés pillaient le pays et se battaient entre eux[1]. Les peuples s’en mêlaient ; on eût dit l’éboulement d’une société. En même temps, les astrologues, les charlatans de toute espèce pullulaient : la ville de Rome était à eux[2] ; la raison semblait confondue devant un déluge de crimes et de folies qui défiait toute philosophie. Certains mots de Jésus, que les chrétiens se répétaient tout bas[3], les tenaient dans une espèce de fièvre continue ; le sort de Jérusalem surtout était pour eux l’objet d’une ardente préoccupation.

L’Orient, en effet, n’était pas moins troublé que l’Occident. Nous avons vu qu’à partir du mois de juin de l’année 68, les opérations militaires des Romains contre Jérusalem furent suspendues. L’anarchie et le fanatisme ne diminuèrent pas pour cela parmi les Juifs. Les violences de Jean de Gischala et des zélateurs étaient au comble[4]. L’autorité de Jean reposait principalement sur un corps de Galiléens, qui commettait tous les excès imaginables. Les Hiérosolymites se soulevèrent enfin, et forcèrent Jean avec ses sicaires à se réfugier dans le temple ; mais on le

  1. Tacite, Hist., II, 66-68. Cf. Agricola, 7.
  2. Dion Cassius, LXV, 1 ; Tacite, Hist., II, 62 ; Suét., Vit., 14 ; Zonaras, VI, 5.
  3. Matth., xxiv, 6-7.
  4. Jos., B. J., VII, viii, 1.