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d’années, à imaginer un règne sauveur, qui sera le couronnement final des épreuves de l’humanité[1]. Ces idées, se combinant avec les affirmations d’avenir qui remplissent les anciens prophètes hébreux, devinrent l’âme de la théologie juive dans les siècles qui précédèrent notre ère. Les apocalypses surtout en furent pénétrées ; les révélations attribuées à Daniel, à Hénoch, à Moïse sont presque des livres persans par le tour, par la doctrine, par les images. Est-ce à dire que les auteurs de ces livres bizarres eussent lu les écritures zendes, telles qu’elles existaient de leur temps ? En aucune façon. Ces emprunts étaient indirects ; ils venaient de ce que l’imagination juive s’était teinte aux couleurs de l’Iran. Il en fut de même pour l’Apocalypse de Jean. L’auteur de cette apocalypse, pas plus qu’aucun autre chrétien, n’eut de rapports directs avec la Perse ; les données exotiques qu’il transportait dans son livre étaient déjà incorporées avec les midraschim traditionnels[2] ; notre Voyant les prenait de l’atmosphère où il vivait. Le fait est que, depuis Hoschédar et Hoschédar-mah, les deux prophètes qui précéderont Sosiosch, jusqu’aux plaies qui frapperont le monde à la veille des grands jours,

  1. Zeitschrift der d. m. G., 1867, p. 571 et suiv. ; Théopompe, dans le traité De Iside et Osir., 47.
  2. Zeitschrift, endroit précité, p. 552 et suiv.