Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/526

Cette page a été validée par deux contributeurs.

subtiles, comme la signification du Faux Prophète et de Harmagédon, se perdirent de très-bonne heure.

Après la réconciliation de l’empire et de l’Église, au IVe siècle, la fortune de l’Apocalypse fut gravement compromise. Les docteurs grecs et latins, qui ne séparaient plus l’avenir du christianisme de celui de l’empire, ne pouvaient admettre pour inspiré un livre séditieux, dont la donnée fondamentale était la haine de Rome et la prédiction de la fin de son règne. Presque toute la partie éclairée de l’Église d’Orient, celle qui avait reçu une éducation hellénique, pleine d’aversion pour les écrits millénaires et judéo-chrétiens, déclara l’Apocalypse apocryphe[1]. Le livre avait pris dans le Nouveau Testament grec et latin[2] une position si forte, qu’il fut impossible de l’en expulser ; on eut recours, pour se débarrasser des

    Jean. Commodien, dans ses Instructiones, appelle aussi l’Antechrist Latinus. — Hippolyte, De Antichristo, 50, 52, est bien dévoyé.

  1. Voir Vie de Jésus, 13e édition, p. 297, note 3 ; ci-dessus, p. 374-375, note 3. Déjà Denys d’Alexandrie, au IIIe siècle, sans doute par suite de son éducation littéraire, parle de l’Apocalypse d’un ton très-embarrassé, et avoue qu’il n’y comprend rien. Voir surtout Épiph., De hær., li, 32 et suiv. ; Eus., H. E., VII, xxv. Saint Jean Chrysostome n’a pas d’homélies sur l’Apocalypse.
  2. Les Syriens et les Arméniens ne l’avaient pas anciennement.