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les morts qui n’ont pas eu part à la première résurrection ne vivent pas ; ils attendent. Les participants du premier royaume sont donc des privilégiés ; outre l’éternité dans l’infini, ils auront le millenium sur la terre avec Jésus ; aucune mort ne les atteindra plus.

Quand les mille ans seront accomplis, Satan sera délivré de sa prison pour quelque temps. Le mal recommencera sur la terre. Satan déchaîné égarera de nouveau les nations, les poussera d’un bout à l’autre du monde à des guerres épouvantables ; Gog et Magog (personnifications mythiques des invasions barbares[1]) conduiront au combat des armées plus nombreuses que le sable de la mer. L’Église sera comme noyée dans ce déluge. Les barbares assiégeront le camp des saints, la cité aimée,

  1. Ce mythe vient d’Ézéchiel, ch. xxxviii et xxxix. Chez certaines tribus parlant l’ossète, Gogh « montagne » et Mughogh « la grande montagne » désignent deux massifs du Caucase. On appliqua ensuite ces deux mots aux populations scythiques de la mer Noire et de la mer Caspienne. Dans Ézéchiel (xxxviii et xxxix), ils personnifient l’invasion scythique ou barbare en général. Comparez Coran, xviii, 94 et suiv. ; xxi, 96. L’application messianique de ce mythe géographique commence à poindre dans les vers sibyllins (III, 319, 512) ; elle est bien plus expresse dans le Targum du Pseudo-Jonathan, Lévitique, xxvi, 44 ; Nombres, xi, 27 (ou Targ. de Jérus., mêmes endroits). Cf. Talm. de Bab., Sanhedrin, 94 a, 97 b ; Aboda zara, 1 b. V. Zeitschrift der d. m. G., 1867, p. 575.