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rumeurs étranges fut la cause principale de la lettre qu’il écrivit aux Églises d’Asie, pour leur apprendre la grande nouvelle de Néron ressuscité.

Interprétant les événements politiques au gré de sa haine, l’auteur, en juif fanatique, a prédit que les commandants de province, qu’il croit pleins de rancune contre Rome, et jusqu’à un certain point d’accord avec Néron, ravageront la ville, la brûleront. Prenant maintenant le fait pour accompli, il chante la ruine de son ennemie[1]. Il n’a pour cela qu’à copier les déclamations des anciens prophètes contre Babylone, contre Tyr[2]. Israël a jalonné l’histoire de ses malédictions : à tous les grands États profanes il a dit : « Heureux qui te rendra le mal que tu nous as fait ! » Un ange brillant descend du ciel, et, d’une voix formidable : « Tombée, tombée, dit-il, est la grande Babylone, et elle n’est plus qu’une demeure de démons[3], un séjour d’esprits impurs, un refuge d’oiseaux immondes, parce que toutes les nations ont bu du vin de sa fornication, et que les rois de la

    l’imposteur ne s’était pas encore dévoilé par des actes publics, quoiqu’on parlât de lui.

  1. Apoc., xviii.
  2. Comp. surtout Isaïe, xiii, xxiii, xxiv, xxxiv, xlvii, xlviii, lii ; Jérémie, xvi, xxv, li ; Ézéch., xxvi, xxvii.
  3. Les bêtes étranges qui habitent dans les ruines passaient pour des démons. Isaïe, xiii, 21 ; xxxiv, 14.