Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/496

Cette page a été validée par deux contributeurs.

sane qui est assise sur de grandes eaux[1], avec laquelle ont forniqué les rois de la terre[2], et qui a enivré le monde du vin de sa fornication. » Jean voit alors une femme assise sur une bête toute semblable à celle qui, sortie de la mer, figurait par son ensemble l’empire romain, par une de ses têtes, Néron. La bête est écarlate, couverte de noms de blasphème ; elle a sept têtes et dix cornes. La prostituée porte le costume de sa profession ; vêtue de pourpre, couverte d’or, de perles et de pierres précieuses, elle tient à la main une coupe pleine des abominations et des impuretés de sa fornication. Et sur son front est écrit un nom, un mystère : « La grande Babylone, la mère des prostituées et des abominations de la terre. »


Et je vis la femme enivrée du sang des saints et du sang des martyrs de Jésus. Et j’étais frappé d’un étonnement extrême. Et l’ange me dit : « Pourquoi t’étonnes-tu ? Je vais te dire ce que signifient et la femme et la bête qui la porte. La bête que tu as vue était et n’est plus, et elle doit remonter de l’abîme[3], puis aller à la perdition ; et les habitants

  1. Trait pris de Babylone, Jérém., li, 13, mais qui sera bientôt appliqué métaphoriquement à Rome.
  2. Les Hérodes, Tiridate, roi d’Arménie, etc., tous empressés à visiter Rome, à y donner des fêtes, à lui faire leur cour.
  3. Comp. xi, 7. Ἄϐυσσος, dans l’Apocalypse, est non pas le séjour des morts, mais celui des démons.