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lui-même avec tous ses attributs ; il tient son pouvoir de Satan, et il emploie toute sa puissance à faire adorer Satan, c’est-à-dire à maintenir l’idolâtrie, qui, dans la pensée de l’auteur, n’est autre chose que l’adoration des démons. Les dix cornes couronnées sont les dix provinces, dont les proconsuls sont de véritables rois[1] ; les sept têtes sont les sept empereurs qui se sont succédé de Jules César à Galba ; le nom blasphématoire écrit sur chaque tête est le titre de Σεϐαστός ou Augustus, qui paraissait aux juifs sévères impliquer une injure à Dieu. La terre entière est livrée par Satan à cet empire, en retour des hommages que ledit empire procure à Satan ; la grandeur, l’orgueil de Rome, l’imperium qu’elle se décerne, sa divinité, objet d’un culte spécial et public[2], sont un blasphème perpétuel contre Dieu, seul souverain réel du monde. L’empire en question est naturellement l’ennemi des Juifs et de Jérusalem. Il fait une guerre acharnée aux saints (l’auteur paraît en somme favorable à la révolte juive) ; il les vaincra ; mais il n’a plus que trois ans et demi à durer. — Quant à la tête blessée à mort, mais dont la blessure a été guérie,

  1. Italie, Achaïe, Asie, Syrie, Égypte, Afrique, Espagne, Gaule, Bretagne, Germanie. Apoc., xvii, 12, rend ceci clair. Comp. Daniel, vii, 24.
  2. Suétone, Aug., 52.