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et dont la queue, balayant le ciel, entraîne le tiers des étoiles et les jette sur la terre[1]. C’est Satan sous les traits de la plus puissante de ses incarnations, l’empire romain : le rouge figure la pourpre impériale ; les sept têtes couronnées sont les sept Césars qui ont régné jusqu’au moment où écrit l’auteur : Jules César[2], Auguste, Tibère, Caligula, Claude, Néron, Galba[3] ; les dix cornes sont les dix proconsuls qui gouvernent les provinces[4]. Le Dragon épie la naissance de l’enfant pour le dévorer. La

  1. Comp. Daniel, viii, 10.
  2. Jules César est toujours compté par Josèphe comme empereur. Auguste est pour lui le second, Tibère le troisième, Caïus le quatrième (Jos., Ant., XVIII, ii, 2 ; vi, 10). Il en est de même dans le 4e livre d’Esdras, xi, 12 et suiv, (la deuxième aile, xi, 17, est notoirement Auguste). Suétone, Aurélius Victor, Julien (Cæs., p. 308 et suiv., Sp.) comptent de même. Saint Béat (VIIIe siècle) ne connaît pas d’autre calcul : Usque in tempus quo hæc Joanni revelata sunt, quinque reges ceciderunt ; sextus fuit Nero, sub quo hæc vidit in exilio (p. 498 de l’édition rarissime de Florez ; cf. Didot, Des apoc. fig., p. 77). Béat enseigne ailleurs (p. 438) une autre doctrine ; ces contradictions viennent peut-être de ce qu’il copiait des auteurs plus anciens, qui n’étaient pas d’accord entre eux.
  3. C’est l’auteur de l’Apocalypse lui-même qui, plus loin (xvii, 10), nous donne cette explication.
  4. Voir ci-après, p. 433, et Apoc., xvi, 14 ; xvii, 12 ; xix, 19. L’image est empruntée à Dan., vii, 7, 24. L’auteur de l’Apocalypse croit voir l’empire romain dans la quatrième bête de Daniel, qui est en réalité l’empire des Grecs.