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pieds des profanes[1] ; mais l’imagination d’un juif aussi fervent ne pouvait concevoir le temple détruit ; le temple étant le seul endroit de la terre où Dieu peut recevoir un culte (culte dont celui du ciel n’est que la reproduction), Jean n’imagine pas la terre sans le temple. Le temple sera donc conservé, et les fidèles marqués au front du signe de Jéhovah pourront continuer à y adorer. Le temple sera ainsi comme un espace sacré, résidence spirituelle de l’Église entière ; cela durera quarante-deux mois, c’est-à-dire trois ans et demi (une demi-schemitta[2] ou semaine d’années). Ce chiffre mystique, emprunté au livre de Daniel[3], reviendra plusieurs fois dans la suite. C’est l’espace de temps qui reste encore au monde à vivre.

Jérusalem, pendant ce temps, sera le théâtre d’une grande bataille religieuse, analogue aux luttes qui ont de tout temps rempli son histoire. Dieu donnera

  1. Daniel, viii, 13. Cf. Luc, xxi, 24.
  2. Une schemitta ou période de sept années est souvent prise pour unité de temps, la période jubilaire se composant de sept schemitta. Voir le livre des Jubilés, et la Chronique samaritaine publiée par M. Neubauer, Journal Asiatique, déc. 1869.
  3. vii, 25 ; ix, 27 ; xii, 7, 11. Cf. Luc, xxi, 24. Comp. τὰς ἡμέρας τῆς προφητείας αὐτῶν (Apoc., XI, 6) avec ἔτη τρία καὶ μῆνας ἕξ de Luc, iv, 25 ; Jacques, v, 17. Comp. Hénoch, x, 12 ; xci ; xciii ; sans oublier les semaines apocalyptiques des Ismaéliens, héritiers en cela de formules persanes.