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cain[1]) ou l’ancien cratère de la Somma[2], conçus comme des vomitoires de l’enfer. Nous avons dit[3] que la crise des environs de Naples était alors très-violente. L’auteur de l’Apocalypse, auquel il est permis d’attribuer un voyage de Rome et par conséquent de Pouzzoles, pouvait avoir été témoin de pareils phénomènes. Il rattache les nuées de sauterelles à des exhalaisons volcaniques ; car, l’origine de ces nuées étant obscure, le peuple se trouvait amené à y voir un fruit de l’enfer[4]. Aujourd’hui, du reste, un phénomène analogue se passe encore à la Solfatare. Après une forte pluie, les flaques d’eau qui séjournent dans les parties chaudes donnent lieu à des éclosions extrêmement rapides et abondantes de sauterelles et de grenouilles[5]. Que ces générations en apparence spontanées fussent considérées par le vulgaire comme des émanations de la bouche infernale elle-même, cela était d’autant plus naturel, que les éruptions, ayant d’ordinaire pour consé-

  1. Strabon, V, iv, 6.
  2. Beulé, Le drame du Vésuve, p. 62-63.
  3. Ci-dessus, p. 329-335.
  4. « Latent quinis mensibus. » Pline, Hist. nat., IX, xxx (50). Cette imagination existe encore. Œdman, Samml. aus der Naturkunde, II, 147.
  5. Renseignement de M. S. de Luca. Les sauterelles se voient en très-grand nombre dans le cratère de la Solfatare.