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mais c’est dans le texte hébreu que les passages bibliques se présentent à lui. Quelle différence avec le style de Paul, de Luc, de l’auteur de l’Épître aux Hébreux, et même des Évangiles synoptiques ! Un homme ayant passé des années à Jérusalem, dans les écoles qui entouraient le temple, pouvait seul être à ce point imprégné de la Bible et participer aussi vivement aux passions du peuple révolutionnaire, à ses espérances, à sa haine contre les Romains.

Enfin, une circonstance qu’il n’est pas permis de négliger, c’est que l’Apocalypse présente quelques traits qui ont du rapport avec le quatrième Évangile et avec les épîtres attribuées à Jean. Ainsi l’expression ὁ λόγος τοῦ θεοῦ, si caractéristique du quatrième Évangile, se trouve pour la première fois dans l’Apocalypse[1]. L’image des « eaux vives »[2] est commune aux deux ouvrages. L’expression d’« agneau de Dieu », dans le quatrième Évangile[3], rappelle l’ex-

    dans ce qu’elles ont d’inexact : σκηνὴ τοῦ μαρτυρίου = אהל מועד ; ὁ παντοκράτωρ = Jéhovah Sebaoth. Le verset du Ps. ii, qu’il cite souvent : « Il les fera paître avec une houlette de fer, » est entendu d’après les Septante, et non d’après l’hébreu, sans doute parce que le passage était passé sous cette forme dans l’exégèse messianique des chrétiens.

  1. Apoc., xix, 13.
  2. Apoc., xxi, 6 ; xxii, 1, 17. Cf. Jean, iv et x.
  3. Jean, i, 29, 36.