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Après le silence sacramentel, les sept archanges qui sont devant le trône de Dieu, et dont il n’a pas été question jusqu’ici[1], entrent en scène. On leur donne sept trompettes, dont chacune va servir de signal à d’autres pronostics[2]. L’imagination sombre de Jean n’était pas satisfaite ; cette fois, c’est aux plaies d’Égypte que sa colère contre le monde profane va demander des types de châtiments. Des phénomènes naturels arrivés vers l’an 68, et dont se préoccupait l’opinion populaire, lui offraient d’apparentes justifications pour de tels rapprochements.

Avant toutefois que le jeu des sept trompettes commence, a lieu une scène muette d’un grand effet. Un ange s’avance vers l’autel d’or qui est en face du Trône, portant à la main un encensoir d’or. Des masses d’encens sont versées sur les charbons de l’autel, et s’élèvent en fumée devant l’Éternel. L’ange

    acte, le jeu recommence et finit. En général, la littérature hébraïque ignore tout à fait la règle de l’unité.

  1. Daniel, x, 13 ; Tobie, xii, 15 ; Luc, i, 19 ; I Thess., iv, 16.
  2. Cette idée de sons de trompe successifs, annonçant la fin des temps, se retrouve dans ἐσχάτη σάλπιγξ de I Cor., xv, 52, supposant des σάλπιγγες antérieures. C’est à tort cependant qu’on a vu une tertia tuba dans IV Esdr., v, 4 (voir Hilgenfeld). « Le jour de Jéhovah, » chez les anciens prophètes, est aussi annoncé par des trompettes (Joël, ii, 1, 15). L’origine première de cette image venait des trompettes annonçant les fêtes d’Israël. Cf. IV Esdr., vi, 23.