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de montrer le grand jugement sans cesse ajourné, au moment où il semblait qu’il dût avoir lieu. Un ange, portant en main le sceau de Dieu (sceau qui a pour légende, comme tous les sceaux de rois, le nom de celui à qui il appartient,[1]ליהוה), s’élève de l’Orient. Il crie aux quatre anges des vents destructeurs de retenir quelque temps encore les forces dont ils disposent, jusqu’à ce que les élus qui vivent actuellement aient été marqués au front de l’estampille qui, comme cela eut lieu pour le sang de l’agneau pascal en Égypte[2], les préservera des fléaux. L’ange imprime alors le cachet divin sur cent quarante-quatre mille personnes, appartenant aux douze tribus d’Israël. Cela ne veut pas dire que ces cent quarante-quatre mille élus sont uniquement des juifs[3]. Israël est ici

  1. Comp. Is., xliv, 5 ; Apoc., xiv, 1. Tous les sceaux sémitiques présentent le nom du possesseur du sceau précédé de ל. Cf. Hérodote, II, cxiii, 2 ; Ézéchiel, ix, 4. L’usage était de marquer les esclaves du nom de leur maître.
  2. Exode, xii, 13.
  3. L’opposition des cent quarante-quatre mille ἐσφραγισμένοι des douze tribus et de l’ὄχλος πολύς du verset 9 porterait à le croire. Mais l’ὄχλος πολύς est composé de martyrs (comp. vii, 9, 14), non de païens convertis. Les cent quarante-quatre mille élus paraissent au chapitre xiv comme choisis pour leur vertu dans la terre entière (οἱ ἠγορασμένοι ἀπὸ τῆς γῆς). Comp., en outre, Apoc., v, 9. La distinction des païens convertis et des judéo-chrétiens n’existe pas pour l’auteur de l’Apocalypse. Les païens