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À l’ouverture du troisième sceau, bondit un cheval noir ; le cavalier tient une balance. Du milieu des quatre animaux, la voix qui tarife au ciel le prix des denrées pour les pauvres mortels dit au cavalier : « Un chœnix de froment, un denier[1] ; trois chœnix d’orge, un denier ; l’huile et le vin, n’y touche pas[2]. » C’est la Famine[3]. Sans parler de la grande disette qui eut lieu sous Claude, la cherté en l’an 68 fut extrême[4].

À l’ouverture du quatrième sceau, s’élance un cheval jaune. Son cavalier s’appelait la Mort ; le Scheol le suivait, et il lui fut donné puissance de tuer le quart de la terre par le glaive, par la faim, par la peste et par les bêtes féroces.

Tels sont les grands fléaux[5] qui annoncent la prochaine venue du Messie. La justice voudrait que sur-le-champ la colère divine s’allumât contre la

  1. Le chœnix de blé était la ration journalière d’un homme. Thes, de H. Étienne, au mot χοῖνιξ. Le denier était le salaire d’un journalier. Matth., xx, 2 ; Tacite, Annales, I, 17. Le prix ordinaire du chœnix de froment était bien moins élevé. Cic., In Verrem, III, 81.
  2. Comp. Suétone, Domitien, 7.
  3. Matthieu, xxiv, 7 ; Marc, xiii, 7.
  4. Voir ci-dessus, p. 328.
  5. Comp. Ezech., xiv, 21 ; Matth., xxiv, 6-8 ; Marc, xiii, 8-9. Dans les Évangiles, λοιμός paraît, comme dans l’Apocalypse, rejeté au second plan.