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d’Asie pour maintenir la célébration de la Pâque, conformément à la loi juive, au 14 de nisan. Polycarpe, en 160, et Polycrate, en 190, font appel à son autorité pour défendre leur usage antique contre les novateurs qui, s’appuyant sur le quatrième Évangile, ne voulaient pas que Jésus, la vraie pâque, eût mangé l’agneau pascal la veille de sa mort, et qui transféraient la fête au jour de la résurrection[1].

La langue de l’Apocalypse est également une raison pour attribuer le livre à un membre de l’Église de Jérusalem. Cette langue est tout à fait à part dans les écrits du Nouveau Testament. Nul doute que l’ouvrage n’ait été écrit en grec[2] ; mais c’est un grec calqué sur l’hébreu, pensé en hébreu, et qui ne pouvait guère être compris et goûté que par des gens sachant l’hébreu[3]. L’auteur est nourri des prophéties et des apocalypses antérieures à la sienne à un degré qui étonne ; il les sait évidemment par cœur. Il est familier avec la version grecque des livres sacrés[4] ;

  1. Polycrate et Irénée, dans Eusèbe, H. E., V, 24.
  2. « Je suis l’alpha et l’oméga. » — Les mesures et les poids sont grecs.
  3. Sans parler des mots sacramentels et du chiffre de la Bête, qui sont en hébreu (ix, 11 ; xvi, 16), les hébraïsmes se remarquent à chaque ligne. Notez en particulier, i, 4, l’indéclinabilité de la traduction grecque du nom de Jéhovah.
  4. Il adopte plusieurs des expressions des Septante, même