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Samaritains peu hospitaliers. La description de la cour céleste, avec sa pompe toute matérielle de trônes et de couronnes, est bien de celui qui, jeune, avait mis son ambition à s’asseoir, avec son frère, sur des trônes à droite et à gauche du Messie. Les deux grandes préoccupations de l’auteur de l’Apocalypse sont Rome (ch. xiii et suiv.) et Jérusalem (ch. xi et xii). Il semble qu’il a vu Rome, ses temples, ses statues, la grande idolâtrie impériale. Or un voyage de Jean à Rome, à la suite de Pierre, se laisse facilement supposer. Ce qui concerne Jérusalem est plus frappant encore. L’auteur revient toujours à « la ville aimée » ; il ne pense qu’à elle ; il est au courant de toutes les aventures de l’Église hiérosolymitaine durant la révolution de Judée (qu’on se rappelle le beau symbole de la femme et de sa fuite au désert) ; on sent qu’il avait été une des colonnes de cette Église, un dévot exalté du parti juif. Cela convient très-bien à Jean[1]. La tradition d’Asie Mineure semble de même avoir conservé le souvenir de Jean comme celui d’un sévère judaïsant. Dans la controverse de la Pâque, qui troubla si fortement les Églises durant la seconde moitié du IIe siècle, l’autorité de Jean est le principal argument que font valoir les Églises

  1. Gal., ii, Jean paraît très-souvent en compagnie de Pierre : Act., iii, 1, 3, 4, 11 ; iv, 13, 19 ; viii, 14.