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obligé de tout enseignement prophétique. L’auteur du livre de Daniel, enfin, par la vogue extraordinaire qu’il obtint, fixa définitivement les règles du genre. Le livre d’Hénoch, l’Assomption de Moïse, certains poèmes sibyllins[1] furent le fruit de sa puissante initiative. L’instinct prophétique des Sémites[2], leur tendance à grouper les faits en vue d’une certaine philosophie de l’histoire, et à présenter leur pensée individuelle sous la forme d’un absolu divin, leur aptitude à voir les grandes lignes de l’avenir, trouvaient dans ce cadre fantastique de singulières facilités. À toute situation critique du peuple d’Israël

  1. On peut classer ainsi par approximation les spécimens de la littérature apocalyptique que nous possédons ou dont l’existence nous est attestée : 1o livre de Daniel (vers 164 avant J.-C) ; 2o poëme sibyllin juif (livre III, § 2 et § 4) ; 3o livre d’Hénoch ; 4o Assomption de Moïse ; 5o Apocalypse de Jean ; 6o poëme sibyllin de l’an 80 (livre IV) ; 7o Apocalypse d’Esdras (an 97) ; 8o Apocalypse de Baruch ; 9o Ascension d’Isaïe ; 10o divers poëmes sibyllins du second siècle ; 11o Apocalypse de Pierre (Canon de Muratori, lignes 70, 71 ; Hilgenfeld, Nov. Test, extra can. rec., IV, 74 et suiv.) ; 12o Apocalypse d’un certain Juda, sous Septime-Sévère (Eusèbe, H. E., VI, 7.) ; 13o Carmen de Commodien (vers 250). On y peut rattacher le Testament des douze patriarches, et le Pasteur d’Hermas. Les autres apocalypses publiées par Tischendorf (Apocalypses apocryphæ, Leipzig, 1866) sont des imitations plus modernes.
  2. Voir une lettre d’Abd-el-Kader, sur la future fin de l’islam. Journal des Débats, 14 juillet 1860.