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Germanie proclament Vitellius ; le 10, Galba adopte Pison ; le 15, Othon est proclamé à Rome ; durant quelques heures, il y eut trois empereurs ; le soir, Galba est tué. La foi à l’empire était profondément ébranlée ; on ne croyait pas que Othon pût arriver à régner seul ; les espérances des partisans du faux Néron de Cythnos et de ceux qui s’imaginaient chaque jour voir l’empereur tant regretté revenir d’au delà de l’Euphrate ne se dissimulaient plus. C’est alors (fin de janvier de l’an 69)[1] que fut répandu parmi les chrétiens d’Asie un manifeste symbolique, se présentant comme une révélation de Jésus lui-même. L’auteur savait-il la mort de Galba, ou seulement la prévoyait-il[2] ? Il est d’autant plus difficile de le dire qu’un des traits des apocalypses, c’est que l’écrivain exploite parfois, au profit de sa prétendue clairvoyance, une nouvelle récente, qu’il croit connue

  1. Une objection peut être élevée contre cette date : les passages Apoc., xi, 2 ; xx, 9, semblent supposer le blocus de Jérusalem déjà formé, ce qui n’eut lieu qu’en mars 70 ; mais ces passages, en style poétique, sont suffisamment justifiés par l’état où les campagnes de Vespasien en 67 et 68 (voir ci-dessus, p. 277-279, 301-302) avaient mis l’insurrection juive. Luc, xxi, 20-21, exige une explication analogue. Il est clair que, quand l’Apocalypse fut écrite, le temple existait encore ; l’auteur ne craint même pas qu’il soit détruit. — Apoc., xvii, 16, ne se rapporte pas non plus nécessairement à l’incendie du Capitole arrivé le 19 décembre 69.
  2. Apoc., xvii, 10.