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Tout cela faisait une sorte d’atmosphère sombre, où l’imagination des chrétiens trouvait une forte excitation. Comment, à la vue de ce détraquement du monde physique et du monde moral, les fidèles ne se fussent-ils pas écriés avec plus d’assurance que jamais : Maran atha ! Maran atha ! « Notre-Seigneur vient ! Notre-Seigneur vient ! » La terre leur paraissait s’écrouler, et déjà ils croyaient voir les rois, les puissants et les riches s’enfuir, en criant : « Montagnes, tombez sur nous ; collines, cachez-nous. » Une constante habitude d’esprit des anciens prophètes était de prendre occasion de quelque fléau naturel pour annoncer la prochaine apparition du « jour de Jéhovah ». Un passage de Joël[1], qu’on appliquait aux temps messianiques[2], donnait comme pronostics certains de ce grand jour des signes dans le ciel et sur la terre, des prophètes s’élevant de toutes parts, des fleuves de sang, du feu, des palmiers de fumée[3], le soleil obscurci, la lune sanglante. On croyait également que Jésus avait annoncé les tremblements de terre, les famines et les pestes comme l’ouverture des grandes douleurs[4], puis, comme

  1. Ch. iii (selon les Septante et la Vulgate, ii, 28-32).
  2. Act., ii, 17-21.
  3. Timrot. Pline, Lettres, VI, 16, compare de même la colonne de fumée du Vésuve à un pin parasol.
  4. Matth., xxiv, 7 ; Marc, xiii, 8 ; Luc, xxi, 1. Ces idées étaient,