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n’est plus frappante que dans le livre d’Hénoch[1]. Selon l’un des auteurs de cette bizarre apocalypse, le séjour des anges déchus est une vallée souterraine, située à l’ouest, près de la « montagne des métaux ». Cette montagne est remplie de flots de feu ; une odeur de soufre s’en exhale ; il en sort des sources bouillonnantes et sulfureuses (eaux thermales) qui servent à guérir les maladies, et près desquelles les rois et les grands de la terre se livrent à toute sorte de voluptés[2]. Les insensés ! ils voient chaque jour

  1. Ch. lxvii, 4-13, édit. Dillmann. On a conclu de ce passage que la partie du livre d’Hénoch où il se trouve a été écrite après l’an 79 ; mais, outre qu’il est douteux qu’il y ait là une allusion à des phénomènes volcaniques occidentaux, qu’on lise Diodore de Sicile, IV, 21 ; Strabon, V, iv, 8, passages écrits certainement avant l’an 79, on y trouvera presque les mêmes images. Diodore, en particulier, met les Champs Phlégréens en rapport direct avec le Vésuve, quoique la distance soit de sept ou huit lieues. L’allusion du livre d’Hénoch peut donc se rapporter simplement aux phénomènes volcaniques de Cumes et de Baïa. L’expression « montagne des métaux en fusion », où l’on a voulu voir le Vésuve en éruption, est suffisamment justifiée, ou par la Solfatare de Pouzzoles, ou par l’état du Vésuve avant 79 (cf. Strabon, loc. cit.). L’aspect du Vésuve était bien celui d’un fourneau éteint. V. Beulé, Le drame du Vésuve, p. 61 et suiv. Ajoutons que l’idée de fusion n’est pas si nettement exprimée qu’on l’a cru dans le texte éthiopien ; en tout cas, ce texte ne dit nullement que de la vallée « sortiront un jour » des torrents de feu.
  2. Comp. Strabon, V, iv, 5 : αἱ Βαΐαι καὶ τὰ θερμὰ ὕδατα τὰ καὶ πρὸς τρυφὴν καὶ πρὸς θεραπείαν νόσων ἐπιτήδεια