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En l’année 68, les arrivages d’Alexandrie furent insuffisants[1]. Au commencement de mars 69, une inondation du Tibre fut très-désastreuse[2]. La misère était extrême[3]. Une irruption soudaine de la mer couvrit de deuil la Lycie[4]. En l’an 65, une peste horrible affligea Rome[5] ; durant l’automne, on compta trente mille morts. La même année, le monde s’entretint du terrible incendie de Lyon[6], et la Campanie fut ravagée par des trombes et des cyclones, dont les ravages s’étendirent jusqu’aux portes de Rome[7]. L’ordre de la nature paraissait renversé ; des orages affreux répandaient la terreur de toutes parts[8].

Mais ce qui frappait le plus, c’étaient les tremblements de terre. Le globe traversait une convulsion parallèle à celle du monde moral ; il semblait que la terre et l’humanité eussent la fièvre à la fois[9]. C’est

  1. Suétone, Néron, 45. Cf. Tacite, Ann., XII, 43 ; Carmina sibyll., III, v. 475 et suiv.
  2. Tacite, Hist., I, 86 ; Suétone, Othon, 8 ; Plutarque, Othon, 4.
  3. Suétone, Néron, 43 ; Tacite, Hist., I, 86.
  4. Dion Cassius, LXIII, 26.
  5. Tac., Ann., XVI, 13 ; Suét., Néron, 39 ; Orose, VII, 7.
  6. Tacite, Ann., XVI, 13 ; Sénèque, Epist., xci.
  7. Tacite, Ann., XVI, 13.
  8. Tacite, Ann., XV, 47 ; Sénèque, Quæst. nat., VI, 28.
  9. « Mundus ipse concutitur…… ingens timor…… consternatio omnium. » Sénèque, Quæst. nat., VI, 1.