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naissances monstrueuses, considérées comme impliquant l’indice d’événements prochains[1]. Cette idée avait envahi plus qu’aucune autre le monde romain ; les fœtus à plusieurs têtes surtout étaient tenus pour des présages évidents, chaque tête, selon un symbolisme que nous verrons adopté par l’auteur de l’Apocalypse, représentant un empereur[2]. Il en était de même des formes hybrides, ou que l’on prétendait telles. À cet égard encore, les visions malsaines, les images incohérentes de l’Apocalypse sont le reflet des contes populaires qui remplissaient les esprits. Un pourceau à serres d’épervier fut tenu pour la parfaite image de Néron[3]. Néron lui-même était fort curieux de ces monstruosités[4].

On était aussi très-préoccupé des météores, des signes au ciel. Les bolides faisaient la plus grande impression. On sait que la fréquence des bolides est un phénomène périodique, qui revient à peu près tous les trente ans. À ces moments, il est des nuits où, à la lettre, les étoiles ont l’air de tomber du ciel. Les comètes, les éclipses, les parhélies, les aurores

  1. Journal asiatique, oct.-nov.-déc. 1871, p. 449 et suiv.
  2. Philostr., Apoll., V, 13 ; Tac., Ann., XV, 17 ; Hist., I, 86.
  3. Tacite, Ann., XII, 64.
  4. Phlégon, De rebus mirab., c. xx ; Pline, erndroits cités ci-dessus, p. 137, note 1.