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chambre. Il sort, frappe à diverses portes, personne ne répond. Il rentre, veut mourir, demande le myrmillon Spiculus, brillant tueur, une des célébrités de l’amphithéâtre. Tout le monde s’écarte. Il sort de nouveau, erre seul dans les rues, va pour se jeter dans le Tibre, revient sur ses pas. Le monde semblait faire le vide autour de lui. Phaon, son affranchi, lui offrit alors pour asile sa villa située entre la voie Salaria et la voie Nomentane, vers la quatrième borne milliaire[1]. Le malheureux, à peine vêtu, couvert d’un méchant manteau, monté sur un cheval misérable, le visage enveloppé pour n’être pas reconnu, partit accompagné de trois ou quatre de ses affranchis, parmi lesquels étaient Phaon, Sporus, Épaphrodite, son secrétaire. Il ne faisait pas encore jour ; en sortant par la porte Colline, il entendit au camp des prétoriens, près duquel il passait, les cris des soldats qui le maudissaient et proclamaient Galba. Un écart de son cheval, amené par la puanteur d’un cadavre jeté sur le chemin, le fit reconnaître. Il put cependant atteindre la villa de Phaon, en se glissant à plat ventre sous les broussailles et en se cachant derrière les roseaux.

  1. Environ une lieue et demie. La villa de Phaon devait être un peu au delà de l’Anio, entre le ponte Nomentano et le ponte Salaro, sur la via Patinaria. Platner et Bunsen, Beschreibung der Stadt Rom, III, 2e partie, p. 455 ; cf. I, p. 675.