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de l’honneur vivait encore dans l’Occident. C’est une des gloires de la Gaule que le renversement d’un pareil tyran ait été son ouvrage[1]. Pendant que les soldats germains, pleins de haine contre les républicains et esclaves de leur principe de fidélité, jouaient auprès de Néron, comme auprès de tous les empereurs, le rôle de bons suisses et de gardes du corps[2], le cri de révolte fut poussé par un Aquitain, descendant des anciens rois du pays. Le mouvement fut vraiment gaulois[3] ; sans en calculer les conséquences, les légions gallicanes se jetèrent dans la révolution avec entraînement. Le signal fut donné par Vindex aux environs du 15 mars 68. La nouvelle en arriva vite à Rome. Les murs furent bientôt charbonnés d’inscriptions injurieuses : « À force de chanter, dirent les mauvais plaisants, il a réveillé les coqs (gallos)[4]. »

  1. « Talem principem paulo minus quattuordecim annos perpessus terrarum orbis tandem destituit, initium facientibus Gallis. » Suétone, Néron, 40.
  2. Suétone, Caius, 43, 58 ; Galba, 12 ; Tacite, Hist., I, 31 ; III, 69 ; Plutarque, Galba, 5, 6, 18. Cf. Henzen, dans les Annales de l’Institut archéol. de Rome, t. XXII, p. 13 et suiv. Voir surtout les inscriptions, Orelli, nos 2909 et 3539 (à la Biblioth. nationale) ; Fabretti, Inscr., p. 687, nos 97 et 98.
  3. Tacite, Hist., I, 51 ; IV, 17 ; Suétone, Néron, 40, 43, 45 ; Dion Cassius, LXIII, 22. Comparez Josèphe, B. J., proœm., 2 ; IV, viii, 1.
  4. Suétone, Néron, 45.