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faible et sourde, quoiqu’il observât pour la conserver les ridicules prescriptions de la médecine d’alors ; son phonasque ne le quittait pas, et lui commandait à chaque instant les précautions les plus puériles. On rougit de songer que la Grèce fut souillée par cette ignoble mascarade. Quelques villes cependant se tinrent assez bien ; le scélérat n’osa pas entrer dans Athènes ; il n’y fut pas invité[1].

Les nouvelles les plus alarmantes cependant lui arrivaient ; il y avait près d’un an qu’il avait quitté Rome[2] ; il donna l’ordre de revenir. Ce retour fut à l’avenant du voyage[3]. Dans chaque ville, on lui rendit les honneurs du triomphe ; on démolissait les murs pour le laisser entrer. À Rome, ce fut un carnaval inouï. Il montait le char sur lequel Auguste avait triomphé ; à côté de lui était assis le musicien Diodore ; sur la tête, il avait la couronne olympique ; dans sa droite, la couronne pythique ; devant lui, on portait les autres couronnes et, sur des écriteaux, l’indication de ses victoires, les noms de ceux qu’il avait vaincus,

  1. Suétone, Néron, 20-25, 53-55 ; Dion Cassius, LXIII, 8-18 ; Eus., Chron., ann. 12 de Néron ; Carmina sibyllina, V, 136 et suiv. ; XII, 90-92 ; Philostrate, Apoll., IV, 39 ; V, 7, 8, 22, 23 ; Themistius, oratio xix, p. 276 (édit. G. Dindorf) ; Lucien, Nero ; Julien, Cæs., p. 310, Spanh.
  2. Tillemont, Hist. des emp., I, p. 320.
  3. Dion Cassius, LXIII, 19-21.