Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/363

Cette page a été validée par deux contributeurs.

tous se rendirent à l’appel des chefs et qu’aucun des frères ne resta dans la ville, qu’un instinct très-juste leur montrait comme vouée à l’extermination.

Des indices portent à croire que la fuite de la troupe pacifique ne s’opéra pas sans danger. Les Juifs, à ce qu’il paraît, la poursuivirent[1] ; les terroristes, en effet, exerçaient une surveillance active sur les chemins, et tuaient comme traîtres tous ceux qui cherchaient à s’échapper, à moins qu’ils ne pussent verser une forte rançon[2]. Une circonstance qui ne nous est indiquée qu’à mots couverts sauva les fuyards : « Le dragon vomit après la femme (l’Église de Jérusalem) un fleuve pour l’emporter et la noyer ; mais la terre aida la femme, ouvrit sa bouche et but le fleuve que le dragon avait lancé derrière elle, et le dragon fut rempli de colère contre la femme[3] » Peut-être les zélotes[4] essayèrent-ils de

    Épiph., De mensuris, 15). La phrase d’Épiphane (hær. xxix, 7), Χριστοῦ φήσαντος καταλεῖψαι τὰ Ἱεροσόλυμα καὶ ἀναχωρῆσαι, ἐπειδὴ ἤμελλε πάσχειν πολιορκίαν, peut s’entendre d’un ordre du Christ qu’on supposerait donné avant le départ, ou se rapporter à Luc, xxi, 20. Cependant, dans ce second cas, il faudrait μελλήσει ou μελλήσειε. Le passage du De mensuris, d’ailleurs, n’admet que le premier sens.

  1. Apoc., xii, 13, 15.
  2. Jos., B. J., IV, vii, 3.
  3. Apoc., xii, 15-16.
  4. Le dragon, à cet endroit de l’Apocalypse, figure le génie du mal, tantôt représenté par la puissance romaine, tantôt par