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place d’armes et l’avaient souillé par des assassinats. Quelques-uns se laissaient aller à dire que le nom qui convenait à la ville ainsi profanée n’était plus celui de Sion, mais celui de Sodome, et que la situation des vrais israélites y ressemblait à celle de leurs ancêtres captifs en Égypte[1].

Le départ semble avoir été décidé dans les premiers mois de 68[2]. Pour donner plus d’autorité à cette résolution, on répandit le bruit que les principaux de la communauté avaient reçu à cet égard une révélation ; selon quelques-uns, cette révélation s’était faite par le ministère d’un ange[3]. Il est probable que

  1. Apoc., xi, 8.
  2. Matth., xxiv, 15 et suiv. ; Marc, xiii, 14 et suiv. Marc, xiii, 7, prouve que la fuite n’eut pas lieu dès le commencement de la guerre. Luc, xxi, 20-21, est peu concordant avec les passages précités de Matthieu et de Marc, et sûrement de bien moindre autorité. Luc rattache l’ordre de la fuite au moment où la ville sera entourée de lignes de circonvallation ; mais il aurait été trop tard pour fuir quand la ville eût été κυκλουμένη ὑπὸ στρατοπέδων. Cf. Luc, xix, 43-44. Enfin, ce qui est décisif, l’Apocalypse, à la fin de 68 ou au commencement de 69, suppose que la fuite a déjà eu lieu (xii, 6, 13-17). Comparez Eusèbe, Hist. eccl., III, 5 (πρὸ τοῦ πολέμου, vague) ; Épiph., hær. xxix, 7 (ἐπειδὴ ἤμελλε τὰ Ἱεροσόλυμα πάσχειν πολιορκίαν, vient de Luc, xxi, 20) ; xxx, 2 ; De mensuris et ponderibus, 15 (ἡνίκα ἔμελλεν ἡ πόλις ἁλίσκεσθαι ὑπὸ τῶν Ῥωμαίων…, τῆς πόλεως μελλούσης ἄρδην ἀπόλλυσθαι).
  3. Κατά τινα χρησμὸν τοῖς αὐτόθι δοκίμοις δι’ἀποκαλύψεως ἐκδοθέντα (Eusèbe, H. E., III, 5) ; προεχρηματίσθησαν ὑπὸ ἀγγέλου (saint