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et se laissèrent entraîner[1] ; toutefois l’esprit pacifique inhérent au christianisme l’emporta. Les chefs de l’Église combattirent ces dangereuses tendances par des discours qu’ils soutenaient avoir été tenus par Jésus : « Prenez garde de vous laisser séduire ; car plusieurs viendront en mon nom, disant : « Je suis le Messie, » et ils égareront un grand nombre de gens… Alors, si quelqu’un vient vous dire : « Le Messie est ici, il est là, » ne croyez pas. Car il s’élèvera des faux messies et des faux prophètes, et ils feront de grands miracles, jusqu’à séduire, si c’était possible, même les élus. Rappelez-vous que je vous l’ai annoncé d’avance. Si donc on vient vous dire : « Venez voir, il est dans le désert, » ne sortez pas ; « Venez voir, il est dans une cachette, » ne croyez pas… »

Il y eut sans doute quelques apostasies et même des trahisons de frères par leurs frères ; les divisions politiques amenèrent un refroidissement de charité[2] ; mais la majorité, tout en ressentant d’une façon profonde la crise d’Israël, ne donna aucun gage à l’anarchie, même colorée d’un prétexte patriotique. Le manifeste chrétien de cette heure solennelle fut un

  1. Matth., xxiv, 4-5 ; Marc, xiii, ; 5-6. Un des apôtres est qualifié de ζηλωτής (Luc, vi, 15 ; Act., i, 13) ou καναναῖος = kanna (Matth., x, 4 ; Marc, iii, 18).
  2. Matth., xxiv, 10, 12.