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autorité effective ; les zélotes[1] régnaient ; tous ceux qui paraissaient suspects de « modérantisme » se voyaient massacrer sans pitié. Jusqu’à présent, la guerre et les excès s’étaient arrêtés aux barrières du temple. Maintenant, zélotes et brigands habitent pêle-mêle la maison sainte ; toutes les règles de la pureté légale semblent oubliées ; les parvis sont tachés de sang ; on y marche les pieds souillés[2]. Aux yeux des prêtres, il n’y eut pas de forfait plus horrible. Pour plusieurs dévots, ce fut là cette « abomination » prédite par Daniel, comme devant s’installer dans le lieu saint, à la veille des jours suprêmes. Les zélotes, comme tous les fanatiques militants, faisaient peu de cas des rites et les subordonnaient à l’œuvre sainte par excellence, le combat. — Ils commirent un attentat non moins grave en changeant l’ordre du pontificat. Sans avoir égard au privilège des familles dans le sein desquelles on avait coutume de prendre les grands prêtres, ils choisirent une branche peu considérée de la race sacerdotale, et ils eurent recours

  1. Ce nom de « zélote » (hébr. kanna) avait été jusque-là pris en bonne part. Ce furent les terroristes du temps de la révolte qui se l’appliquèrent, et le rendirent de la sorte synonyme de sicaire. (Jos., B. J., IV, iii, 9 ; VIII, viii, 1.) Sur le nom de « sicaires » dans le Talmud, voir Derenbourg, p. 279, 281, 285, 475-478. Cf. Josèphe, B. J., II, xiii, 3 ; Ant., XX, viii, 5.
  2. Jos., B. J., IV, iii, 6.