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quelque raison ; un certain Jean de Gischala, fourbe et audacieux agitateur, joignant une personnalité implacable à un ardent enthousiasme, réussit à le contrecarrer en tout. Josèphe fut réduit, selon l’éternel usage de l’Orient, à enrôler les brigands et à leur payer une solde régulière comme rançon du pays[1].

Vespasien se préparait à la difficile campagne qui lui avait été confiée. Son plan fut d’attaquer l’insurrection par le nord, de l’écraser d’abord en Galilée, puis dans la Judée, de la rabattre en quelque sorte sur Jérusalem, et, quand il l’aurait refoulée tout entière vers ce point central, où l’entassement, la famine, les factions ne pouvaient manquer d’amener des scènes effroyables, d’attendre, ou, si cela ne suffisait pas, de frapper un grand coup. Il se rendit d’abord à Antioche, où Agrippa II vint se joindre à lui avec toutes ses forces. Antioche n’avait pas eu jusque-là son massacre de Juifs, sans doute parce qu’elle comptait dans son sein une foule de Grecs qui avaient embrassé la religion juive (le plus souvent sous forme chrétienne), ce qui amortissait les haines. À ce moment, cependant, l’orage éclata ; la folle accusation d’avoir voulu incendier la ville

  1. Jos., B. J., II, xx, 5-xxi ; Vita, 8 et suiv.