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de maintenir l’ordre et avec l’espoir de dominer les éléments anarchiques qui menaçaient de tout détruire[1].

L’ardeur à Jérusalem était extrême. La ville ressemblait à un camp, à une fabrique d’armes ; de tous les côtés, retentissaient les cris des jeunes gens qui s’exerçaient[2]. Les juifs des parties reculées de l’Orient, surtout du royaume des Parthes, y accouraient, persuadés que l’empire romain avait fait son temps[3]. On sentait que Néron touchait à sa fin, et on était persuadé que l’empire disparaîtrait avec lui[4]. Ce dernier représentant du titre de César, s’abîmant dans la honte et le mépris, paraissait un signe évident. En se plaçant à ce point de vue, on devait trouver l’insurrection beaucoup moins folle qu’elle ne nous semble, à nous qui savons que l’empire avait encore en lui la force nécessaire pour plusieurs renaissances futures. On pouvait très-réellement croire que l’œuvre d’Auguste se disloquait ; on s’imaginait à chaque instant voir les Parthes se ruer sur les terres romaines[5], et c’est

  1. Jos., B. J., II, xx, 3 et suiv. ; xxii, 1 ; Vita, 7, en observant que Josèphe cherche à dissimuler la part qu’il prit à la révolution et se fait après coup plus modéré qu’il ne fut.
  2. Jos., B. J., II, xxi, 1.
  3. Josèphe, B. J., proœm., 2 ; VI, vi, 2 ; Dion Cassius, LXVI, 4.
  4. La même idée domine dans l’Apocalypse. Voir ci-après, p. 434 et suiv.
  5. Apoc., ix, 14-21 ; xvi, 12-16. Cf. Jos., B. J., VI, vi, 2.