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Son fils Titus le rejoignit bientôt. Vers le même temps, Mucien succédait à Cestius dans la charge de légat impérial de Syrie. Les trois hommes qui, dans deux ans, seront les maîtres du sort de l’empire se trouvèrent ainsi portés ensemble en Orient[1].

La complète victoire que les révoltés avaient remportée sur une armée romaine, commandée par un légat impérial, exalta à un très-haut degré leur audace. Les gens les plus intelligents et les plus instruits de Jérusalem étaient sombres ; ils jugeaient avec évidence que l’avantage en définitive ne pouvait rester qu’aux Romains ; la ruine du temple et de la nation leur parut inévitable[2] ; l’émigration commença. Tous les hérodiens, tous les gens attachés au service d’Agrippa se retirèrent auprès des Romains[3]. Un grand nombre de pharisiens, d’un autre côté, uniquement préoccupés de l’observation de la Loi et de l’avenir pacifique qu’ils rêvaient pour Israël, étaient d’avis qu’on se soumît aux Romains, comme on s’était soumis aux rois de Perse, aux Ptolémées. Ils se souciaient peu d’indépendance nationale ; Rabbi Johanan ben Zakaï, le pharisien le plus célèbre du temps,

  1. Jos., B. J., proœm., 8 ; II, xli, 1 ; III, i ; Suétone, Vesp., 4 ; Tacite, Hist., V, 10.
  2. Jos., Vita, 4.
  3. Jos., B. J., II, xx, 1 ; Vita, 6.