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Timothée dans le parti de Paul n’auraient pu adresser à l’Église de Jérusalem un morceau supposant des relations intimes. Comment admettre, par exemple, que l’auteur, avec cette exégèse uniquement fondée sur la version alexandrine, cette science juive incomplète, cette connaissance imparfaite des choses du temple, eût osé faire la leçon de si haut aux maîtres par excellence, à des gens parlant hébreu ou à peu près, vivant tous les jours autour du temple, et qui savaient beaucoup mieux que lui tout ce qu’il leur disait ? Comment admettre surtout qu’il les eût traités en catéchumènes à peine initiés et incapables d’une forte théologie ? — Au contraire, si l’on suppose que les destinataires de l’épître sont les fidèles de Rome, tout s’arrange à merveille. Les passages, vi, 10 ; x, 32 et suiv. ; xiii, 3, 7, sont des allusions à la persécution de l’an 64[1] ; le passage xiii, 7 s’applique à la mort des apôtres Pierre et Paul ; enfin οἱ ἀπὸ τῆς Ἰταλίας se justifie alors parfaitement ; car il est naturel que l’auteur porte à l’Église de Rome les salutations de la colonie d’Italiens qui était autour de lui. Ajoutons que la première épître de Clément Romain[2] (ouvrage

  1. Θεατριζόμενοι surtout prend alors un sens précis.
  2. Comp. Epist. Clem. Rom. ad Cor. I, ch. 17, à Hebr., xi, 37, — c. 36 à Hebr., i, 3, 5, 7, 13 ; — c. 9 à Hebr., xi, 5, 7 ; — c. 12 à Hebr., xi, 31.